Mort d’un guerrier,
Une fois de plus le vieux guerrier releva son arme, prêt à frapper. Une fois de plus il l'abattit. Une fois de plus le Recousu ne tressaillit même pas. Lui qui se croyait un maître avec son épée à large lame Askhandi, relique d’ Anduin Lothar le plus grand chevalier connu, cette nuit il se sentait plus boucher que bretteur. Des lambeaux de la bête volaient mais il était évident qu'elle n'en ressentait ni douleur ni gêne. Alors le vieux guerrier continuait à frapper et à crier pour soutenir la force et le courage parfois défaillant de ses compagnons. Soudain un craquement horrible parvint à ses tympans obscurcissant même le vacarme des coups de boutoir donnés par la bête sur les boucliers de ses compagnons guerriers. Sous ses pieds coulaient une marmelade puante, il comprit qu’il ne reverrait plus un de ceux avec qui il avait attaqué la chose.
La rage des Orcs l’envahit alors, la fureur sanguinaire dans toute sa dangereuse puissance avait pris possession de lui, il heurtait la bête de toutes ses forces avec son énorme épée aiguisée par l’ancienne magie élémentaire.
Un instant la bête sembla faiblir sous les assauts répétés de la compagnie entière galvanisée par ses morts.
Mais il était écrit qu’elle ne serait pas vaincue ce soir là.
Soudain plus terrible que le sang et les humeurs répandues, plus effrayant que la bête grotesque, plus inattendu que tout, se fit le silence. Pris par un mouvement commun d’horreur, les compagnons se turent, arrêtant leurs cris, ordres et encouragements. La ligne des guerriers qui la contenait à grand-peine venait de céder devant la bête. Etrangement la panique qui suivit fut silencieuse, sachant tous que leur fin était là, ils ne voulaient pas gaspiller leur dernier souffle dans l’air puant de la nécropole.
Le vieux guerrier ; pour la première fois ; jeta sa lame à terre. Il ne lui restait plus qu’à mourir.
Par un revers négligent la bête le jeta contre un pilier. Adossé au pilier il ferma les yeux :
Les pieds dans la fange, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature berce-le chaudement : il a froid.
Les effluves ne font pas frissonner sa narine
Il dort dans la noirceur, la main sur la poitrine,
Tranquille. Il a du sang qui coule au côté droit.
Fin d’une époque.
40 corps privés de vie en un instant, mais pourtant un seul qui ne se relèvera pas. Malgré les plus puissantes magies thaumaturges, naturelle et sacrée, il restera un orc dans la citadelle maudite pour faire face au chien de guerre de Kel’Thuzad. Seul Ouga demeure, sentinelle dérisoire, témoin du courage un peu fou de la Horde et des Frères de Sang qui ne purent défaire le Recousu.
Les Frères, démoralisés par les pertes consécutives de Caien, Docat, Sheed et maintenant Ouga ne se risqueront plus à Naxxaramas. Les forces de Durotar, de Fossoyeuse et de Mulgore ont pour la première fois faiblies, et dans ce monde la faiblesse est une condamnation. Peut être plus grave encore, de mauvaises nouvelles arrivent de l’extrémité des royaumes de l’est : la porte des ténèbres est à nouveau ouverte et des démons déferlent sur le fragile poste de la Horde et de l’Alliance coalisées. Sur leurs terres, le Généralissime Kruul se déchaîne et laisse derrière lui un sillage de destruction.
Sombre temps pour Azeroth.
Mais alors que tout espoir semblait perdu, Thrall fait diffuser la nouvelle qui redonne courage aux armées défaillantes de la Horde.
Renaissance.
Les elfes de sang après une longue errance tant physique que spirituelle viennent de se joindre à la Horde apportant leur fantastique connaissance de la magie, mais aussi des paladins. Jusque là groupe abhorré par la Horde, les paladins allaient la renforcer et soutenir sa force par leurs multiples bénédictions et leur magie sacrée. Les Frères de Sang comprirent immédiatement l’avantage qu’ils pouvaient en tirer et lancèrent immédiatement une campagne de recrutement de paladins.
De plus des éclaireurs téméraires envoyés à travers le portail revinrent en décrivant des terres d’une richesse mais aussi d’une dangerosité inconnues jusque là. Ne possédant plus les connaissances pour refermer le portail, la Horde comme l’Alliance n’avait plus le choix, il fallait passer le portail pour endiguer le flot des démons à la source. Très vite quelques aventuriers parmi les Frères passèrent le portail, et, encouragés par leur exemple l’immense majorité les suivit et de nouvelles aventures commencèrent pour eux dans cette terre riche de nouvelles expériences, richesses et rencontres.
Restée en Azeroth, une jeune paladine grandissait en force, intelligence et sagesse en rêvant à son avenir aventureux au sein des Frères de Sang. Instruite de l’histoire des paladins, elle rêvait de faire honneur à son modèle, le Seigneur Anduin Lothar en repoussant les ténèbres et en portant son épée.
Patchwerk devra mourir, pour qu’un jour elle puisse ramasser la grande épée de la Confrérie à côté du cadavre du vieil orc et perpétuer la tradition glorieuse des Frères de Sang.